« Lorsqu’ils sont venus chercher les communistes
Je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste.
Lorsqu’ils sont venus chercher les syndicalistes
Je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste.
Lorsqu’ils sont venus chercher les juifs
Je n’ai rien dis, je n’étais pas juif.
[…] Puis ils sont venus me chercher
Et il ne restait plus personne pour protester. »

Martin Niemöller, pasteur allemand

A l’heure où Twitter se décide ENFIN à retirer les commentaires antisémites du trending topic #UnBonJuif, qui ont fait tant d’esclandre ces dernières semaines, on apprend l’existence de nouveaux sujets tweetés qui, sous couvert d’un titre général sans équivoque, mettent en lumière la publication de propos antisémites.

La vague de stupeur créée par les commentaires de #UnBonJuif ne cesse de s’accroître par la découverte de topics de Twitter similaires à ce dernier.

En effet, il a été constaté l’existence d’un nouvel hashtag : #JeChercheDuTaff. Malgré son titre, ce topic a, lui aussi, servi de « réceptacle de propos antisémites ».

On peut s’interroger sur la nature des auteurs de tels tweets. Ces commentaires sont-ils réellement aussi spontanés que certains peuvent le croire ?

On assiste en France à de plus en plus de manifestations d’antisémitisme. Les tragédies de Toulouse et de Sarcelles révèlent ainsi, non pas des mouvements isolés et des actes uniques, mais bel et bien des « crimes planifiés et organisés par une cellule terroriste prête à passer à l’action ». Nous sommes bien loin des comportements quotidiens dont sont victimes les juifs français : insultes, humiliations, tags sur les synagogues, dégradations de cimetières, etc.

Ces lâchetés sémantiques ainsi que ces atrocités minutieusement orchestrées sont la preuve formelle d’un relâchement national à l’encontre de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme.

Cette tendance s’est également matérialisée par le biais d’un lapsus de l’AFP dans une de ses dépêches sur laquelle, afin de simplifier son discours, elle a finalement « remis en cause la citoyenneté même des juifs de France ». L’AFP mentionne ainsi que la France « héberge » les juifs français et que les agressions antisémites sont parfois vues comme des « tensions communautaires » entre les juifs et les musulmans.

A cela s’ajoute la sociologie du pauvre selon laquelle l’antisémitisme est issu de « l’inculture, du chômage, du mal-être, de ce qui relève d’un véritable mépris social ». Mais cela explique-t-il que l’on « tire à bout portant une balle dans la tête d’une petite fille » ?

Estelle PERLUMIERE
Juriste

Ecrit le 29/10/12

Source :

– Marianne, 20 – 26/10/12, « Les juifs de France sont-ils en danger ? », J.M.-S.

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