La ville de Detroit a été contrainte de proposer un plan de redressement à la justice américaine pour sortir de la faillite. L’administrateur nommé par l’Etat en 2013 avait alors avancé l’idée de vendre la collection éclectique du Detroit Institute of Arts comprenant des œuvres de l’art islamique, africain, chinois, Indiens d’Amérique, ainsi que certains chefs d’œuvres des grands Maîtres européens tels que Bruegel l’Ancien, Rembrandt, Van Gogh, Matisse, Cézanne, Diego Riviera, Mark Rothko…
En juillet 2014, la collection a été estimé par la société Artvest Partners à 850 millions de dollars soit 656 millions d’euros. Cependant, la société Art Capital, spécialisée dans les prêts garantis par des œuvres d’art, a proposé une autre alternative à la fin de l’été : elle prêterait 3 milliards de dollars (soit 2,3 milliards d’euros) à la ville de Detroit contre l’hypothèque de la collection du musée. Art Capital a quant à elle évaluer la collection à 8,1 milliards de dollars soit 6,1 milliards d’euros, considérant contrairement à Artvest Partners, que les ventes de prestigieuses œuvres étaient toujours bien accueillies.
La ville de Detroit a proposé au juge uniquement le projet qu’elle entreprendrait avec Artvest Parteners qui prévoit également une clause dite « the Grand Bargain », où 800 millions de dollars seraient levés, ce qui selon la ville de Detroit permettrait de payer les pensions de retraite des habitants de la ville, tout en préservant les œuvres du musée en les mettant sous la responsabilité d’une association indépendante.
Ce projet ne fait pas l’unanimité, certains considérant qu’il est contraire au principe d’égalité de traitement des créditeurs. En effet, si ce projet était mis en place, l’argent perçu par la vente des œuvres serait uniquement reversé aux retraités, au détriment de d’autres personnes lésées elles aussi par la situation de la ville de Detroit.
Ce sera donc à la justice américaine de se prononcer, affaire à suivre… !
Amélie JOURDAN, Juriste
Source : www.lemonde.fr : « Les œuvres d’art de Detroit hypothéquées contre 3 milliards de dollars ? », le 29.08.14, Emmanuelle JARDONNET