« La libre concurrence semble avantager les génies du mal plutôt que ceux du bien » dans l’occidentisme (1995)
« L’Union européenne frappe Google en l’accusant d’abus de position dominante », titre le site du Wall Street Journal, suite à la décision de la Commission européenne, annoncée ce mercredi 15 avril, d’envoyer au géant du net américain une « communication de griefs ». En effet, après près de 5 ans d’enquête, il est reproché au leader mondial du web de mettre abusivement en avant ses propres services dans les résultats de son moteur de recherche.
Google dispose à cet égard de dix semaines pour répondre à ses accusations. Si la réponse ne convainc pas la commission, la firme « devrait assumer les conséquences juridiques » de ses pratiques, a expliqué la commissaire. En effet, bien qu’une solution à l’amiable soit toujours possible, dans le pire des cas, Google pourrait écoper d’une amende correspondant à 10% du chiffre d’affaires affecté par les pratiques anticoncurrentielles, soit plus de 6 milliards de dollars.
Bruxelles donne le coup de grâce à la multinationale en annonçant qu’une enquête formelle est ouverte pour abus de position dominante dans le secteur des systèmes d’exploitation et des applications sur téléphones et tablettes. L’enquête sur Android étant actuellement au stade préliminaire (depuis 2013).
Au-delà des griefs reprochés à Google, la sévérité de la division anti-trust de la Commission européenne mérite d’être soulignée.
Cette décision s’inscrit dans la ligne de tir impulsée depuis quelque temps par Bruxelles. En effet, l’Union Européenne a déjà procédé à la condamnation d’Intel dont le montant de l’amende s’élevait à un peu plus d’1 milliard d’euros et de Microsoft dont l’addition s’élevait à 2 milliards.
Force est de constater que la Commission a considéré qu’en s’attaquant à un géant tel que Google les sanctions requises devaient être symboliques. La commissaire précise toutefois que « Tout est ouvert. Il ne faut fermer aucune porte », « Une communication des griefs est une invitation pour avoir une audition publique » et inviter Google à utiliser toutes les opportunités. Aux États-Unis, Google avait été blanchi en 2013 par les autorités américaines de la concurrence, qui s’étaient contentées d’engagements de bonne conduite sur les brevets et la publicité en ligne. La commission fédérale du Commerce (FTC) avait clos son enquête antitrust ouverte en juin 2011 en affirmant ne pas avoir trouvé de preuve d’abus de sa position dominante dans la recherche en ligne.
Néanmoins, il convient de pointer du doigt qu’autre la lourdeur de l’amende envisagée à l’encontre de Google l’Europe se réserve le droit de séparer les résultats de recherche naturels des liens sponsorisés, sur son moteur de recherche.
Cette décision peut paraitre choquante, car la Commission n’a retenu qu’un seul grief contre le géant du net américain ce qui peut paraitre assez maigre après quatre ans et demi de procédure. Attention, il n’est toutefois pas exclu que d’autres griefs portant sur d’autres services de Google soient par la suite émis.
Il convient de se demander si le colosse aux pieds d’argile qu’est Google saura se défendre contre les deux offensives frontales de Bruxelles. Affaire à suivre …
Sources : http://lexpansion.lexpress.fr, « Ce qu’il faut savoir sur l’offensive antitrust de Bruxelles contre Google », le 15/04/2015, Raphaele Karayan,