La bulle formée par les « leverage buy-out » est en train d’exploser sous l’effet de la raréfaction du crédit et de la conjoncture. A l’image de la crise des subprimes, cette explosion risque de se traduire par des créances irrécouvrables et d’énormes pertes bancaires. Alors que les bulles boursières et immobilières ont explosé, celle de l’endettement s’effondre doucement…
Le LBO, de l’anglais « leverage buy-out » est un terme générique désignant un montage financier de rachat d’entreprise par recours à un important endettement bancaire, appelé effet de levier, le but étant de racheter une société en déboursant le moins possible.
Les repreneurs créent tout d’abord une société holding dans laquelle ils sont majoritaires et qui va se charger d’acheter la société convoitée en acquérant la majorité de son capital en grande partie grâce à des fonds empruntés auprès d’une banque (elle va éviter au maximum d’utiliser ses fonds propres).
Les charges financières des dettes contractées par la holding seront ainsi absorbées par les remontées de dividendes de la société rachetée.
Au bout de quelques années, la société cible est revendue ou introduite en bourse ce qui génère de confortables plus-values pour les actionnaires.
Il s’agit d’un montage très intéressant financièrement puisque les repreneurs acquièrent la société cible grâce aux ressources financières de celle-ci et la holding pourra déduire de l’impôt sur les sociétés, les intérêts de l’emprunt si elle détient une forte participation dans la société cible.
Cependant les LBO suscitent des débats, en particulier en ce qui concerne leur impact économique et social.
Selon leurs détracteurs ils ont tendance à endetter les entreprises. Néanmoins on constate qu’ils améliorent le management des entreprises.
Ces deux dernières années la crise des subprimes a entrainé un déficit de liquidités et a de ce fait augmenté le coût du crédit, ce qui a provoqué un ralentissement brutal du marché du LBO ces derniers mois, une tendance qui paraît devoir se prolonger en 2009.
Jusqu’en 2007, les rachat d’entreprises par endettement se sont multipliés, à des prix astronomiques. Emprunts accessibles, rémunérations faramineuses, insouciance des marchés : ceux qui pratiquaient couramment ce type de montages risqués se sont laissés séduire par les mêmes lumières que les courtiers de Wall Street…
Il faut espérer que les excès de ces dernières années ne mettent pas davantage en péril les entreprises rachetées et l’industrie du capital-investissement.
Pour exemple, la firme Monier dont le propriétaire, le fonds d’investissement PAI Partners, a abandonné les clefs à ses créanciers, perdant par la même occasion sa mise d’un montant de 250 millions d’euros…
Marion Deseille
Juriste.