L’application StopCovid ne cesse de faire parler d’elle. Disponible depuis le 2 juin 2020 après avoir reçu l’aval de l’Assemblée Nationale et du Sénat, l’application recense les personnes contaminées pour ensuite prévenir les personnes qui ont été à proximité afin d’assurer une prise en charge le plus tôt possible. Présentée comme un atout majeur du déconfinement, l’application vient cependant d’être mise en demeure par la CNIL, jugée inefficace et risquée pour nos libertés fondamentales.
Jugée conforme aux exigences du RGPD dans son avis du 25 avril 2020, la CNIL avait cependant annoncé quelques jours avant le lancement de StopCovid qu’elle allait opérer un contrôle au mois de juin afin de s’assurer du respect de ses recommandations portant sur l’information et le recueil du consentement de ses utilisateurs.
Dans son communiqué du 20 juillet 2020, la CNIL a enjoint le gouvernement à régler quelques irrégularités de l’application, et a mis en demeure le ministère des Solidarités et de la Santé d’y remédier dans un délai d’un mois.
Les trois contrôles réalisés en juin ont en effet révélé des failles dans la protection des données personnelles. L’application utiliserait en effet l’outil reCAPTCHA de Google, programme permettant de vérifier que l’application est bien utilisée par un humain et non un programme informatique, faisant ainsi craindre de potentielles fuites de données vers le géant du Web. De plus, certaines informations du contrat de sous-traitance liant le ministère de la Santé et l’Institut national de recherche en informatique et en automatique (INRIA) seraient incomplètes. Parmi elles, les obligations de l’INRIA ainsi que le traitement de données réalisées à des fins de sécurité devraient faire l’objet d’un compte-rendu plus complet.
Outre ces questions de protection des données personnelles, c’est l’efficacité même de l’application qui est remise en cause. La CNIL avait en effet conditionné le déploiement de Stopcovid à son efficacité avérée. Seuls un dépistage massif de la population ainsi que son téléchargement et sa pleine utilisation par 60 % de la population lui permettraient de prévenir efficacement l’apparition de nouveaux foyers de contamination. Ce but est encore loin d’être atteint puisque l’application n’a à ce jour été téléchargée que par un peu plus de 3% des Français.
Sans obligation de téléchargement, d’utilisation et de déclaration en cas de contamination, sa portée demeure donc relativement limitée, d’autant qu’elle n’est pas compatible avec les diverses applications lancées chez nos voisins européens. À défaut de pouvoir récolter suffisamment de données tout en respectant le RGPD et de les croiser à plus grande échelle, les objectifs de ce projet ambitieux risquent donc difficilement d’être atteints.
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