Malgré l’indignation, la colère et la tristesse de milliers de personnes à travers le monde, Troy Davis, afro-américain accusé du meurtre d’un policier blanc a été exécuté mercredi 21 septembre à 23h53 (heure de Géorgie).
Troy Davis est un noir américain condamné à 20 ans de prison suivie de la peine de mort pour avoir tué en 1989 un policier blanc. Cet homme a continuellement clamé son innocence.
La raison pour laquelle cette affaire a soulevé une telle indignation et opposition générale à son exécution tient au fait qu’il y a de forts doutes sur sa culpabilité.
Certains témoins qui avaient assurés l’avoir reconnu comme le tireur se sont rétractés en expliquant qu’ils avaient subis une pression de la part de la police.
Ce type d’affaire paraîtrait inconcevable en France dans la mesure où il y a le principe de la présomption d’innocence et donc le principe selon lequel « le doute profite à l’accusé ». Cela n’a pas toujours été le cas. En effet, lors de l’exécution de Christian Ranucci en France en 1976, il y avait de forts doutes sur sa culpabilité… Je ne fustigerai pas les Etats-Unis pour ses erreurs judicaires, la France en ayant commis aussi, notamment avec l’affaire d’Outreau.
Je ne cherche pas à faire des comparaisons de « bas étage », mais simplement à comprendre.
Comment une personne peut-elle être condamnée à mort alors qu’il n’y a pas de preuves ? Quelle est cette justice où le doute profite à celui qui accuse ? Quelle est cette justice où dans certains cas le doute profite à l’accusé (comme par exemple pour l’affaire DSK) et dans d’autres, elle profite à celui qui accuse ??
Ces deux cas sont différents, toutefois, le doute sur la culpabilité est le point commun à ces deux affaires.
La lutte contre la peine de mort ne s’arrête pas avec lui. Comme il l’a dit dans sa lettre, « il y a plein d’autres Troy Davis » (cf. infra : Lettre de Troy Davis traduite par Le point)
« Je veux vous remercier tous pour vos efforts et votre dévouement en faveur des droits de l’homme et de la bonté humaine ; lors de ces dernières années, j’ai éprouvé tant d’émotions, de joie, de tristesse… sans jamais perdre la foi. C’est grâce à vous tous que je suis en vie aujourd’hui (…) Ma sœur Martina me dit (…) qu’elle n’arrêtera jamais de se battre pour me sauver la vie et prouver au monde que je suis innocent de ce crime terrible.
Je suis ému, quand je découvre des mails du monde entier, venant d’endroits que je n’imaginais même pas connaître un jour, de personnes parlant des langues et exprimant des cultures et des religions que je ne pouvais seulement espérer découvrir un jour (…) Ce n’est pas une affaire qui concerne la peine de mort, ce n’est pas une affaire qui concerne Troy Davis, c’est une affaire qui touche à la justice et à l’esprit humain.
Je ne peux pas répondre à toutes vos lettres, mais je les lis toutes. Je ne peux pas vous voir tous, mais j’imagine vos visages. Je ne peux pas vous entendre parler, mais vos lettres m’emmènent aux quatre coins du monde. Je ne peux pas vous toucher physiquement, mais je sens votre chaleur tous les jours que j’existe.
Donc merci, et souvenez-vous que je suis dans un endroit où l’exécution peut seulement détruire votre état physique, mais grâce à ma foi en Dieu, à ma famille et à vous tous, je suis spirituellement libre depuis longtemps, et peu importe ce qui arrivera dans les jours et les semaines à venir, ce mouvement pour abolir la peine de mort, pour rechercher la vraie justice, pour faire éclater un système qui ne réussit pas à protéger ses innocents, doit être accéléré.
Il y a tant d’autres Troy Davis. Ce combat pour abolir la peine de mort ne sera pas gagné ou perdu à travers moi, mais à travers notre force à avancer et à sauver chaque personne innocente emprisonnée à travers le monde. Nous devons démanteler ce système injuste, ville par ville, État par État, et pays par pays. J’ai hâte d’être avec vous, peu importe que ce soit physiquement ou spirituellement, et ce jour-là, j’annoncerai : ‘Je suis Troy Davis, et je suis libre !’ ‘Ne cessez jamais le combat pour la justice, et nous gagnerons ».