Beaucoup de personnes attendaient avec impatience le verdict du procès des viols collectifs. Deux jeunes femmes accusaient 14 personnes de les avoir violées au cours de la période 1999-2001. Le 10 et le 11 octobre dernier les jurés de la Cour d’assises de Créteil ont rendu leur verdict : 10 hommes acquittés et 4 condamnés à des peines à 3 ans de prison avec sursis et 1 an ferme.
C’est le verdict de l’incompréhension pour certains, celui de l’injustice pour d’autres. Toujours est-il que ce n’était pas celui espéré. Les associations de lutte pour la protection des femmes se sont révoltées aussitôt, parlant de : « permis de violer ». La ministre de la santé en personne a estimé que le message envoyé aux femmes victimes de viol serait négatif et n’inciterait pas à porter plainte pour se défendre et faire punir leurs agresseurs.
Ce verdict apparait dénué de tout sens, la question qui se pose est comment la justice peut-elle prononcer une telle décision ? La réponse est simple, peut-être même trop : le doute était trop important. Après 13 ans, les preuves n’étaient pas suffisamment probantes. Pour certaines associations de protection de droit des femmes, il s’agit en fait d’un procès « bâclé ».
Il faut prendre ce jugement pour exemple et tenter d’inciter les femmes victimes de viol à aller porter plainte au plus tôt pour que leurs agresseurs ne puissent pas s’en sortir pour défaut de preuves.
Au vu de ce procès, il semble évident qu’il y a des choses à faire pour améliorer la prise en charge des personnes victimes de viol. En effet, sur 75 000 femmes adultes violées chaque année, 10% seulement portent plaintes et 2% des violeurs sont condamnés.
Il faut se poser des questions et se demander pourquoi aussi peu de femmes portent plainte et pourquoi il y a si peu de condamnation ? Quoi qu’on puisse penser de cette décision, il est indéniable qu’elle nécessite d’être réfléchie et analysée. Il semble évident que si c’est comme cela que sont jugés les violeurs, aucune femme n’ira porter son affaire devant les tribunaux.
Gary-Alban MARAVILHA
Juriste
Ecrit le 12/10/2012
Sources : www.lemonde.fr, « Procès des tournantes : un verdict en « permis de violer » ? », écrit par François Béguin, le 11/10/2012.