Nouvelle étape dans la guerre commerciale lancée par Donald Trump contre le monde entier : dans la nuit du 2 au 3 avril 2025, le président américain a annoncé de nouveaux droits de douane sur les produits importés à compter du 9 avril 2025.
Quelles sont les augmentations des droits de douane ?
20% sur les produits en provenance de l’Union européenne, 34% pour la Chine, 31% pour la Suisse, 26% pour l’Inde, 24% pour le Japon.
À titre d’exemple, les produits chinois devraient être taxés à 54% dès le 9 avril. En riposte, la Chine souhaite augmenter de 34% les droits de douane sur les produits américains. Si la Chine ne retire pas son augmentation, les États-Unis menacent d’imposer des droits de droits additionnels de 50% sur la Chine dès le 9 avril. Le total pourrait donc s’élever à 104% supplémentaires.
Quelle est la réponse de l’Union européenne ?
Bien que la négociation soit privilégiée, l’Europe se tient prête à riposter.
La Présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a d’ores et déjà entamé des consultations avec les secteurs affectés par la hausse des droits de douane.
L’Union européenne a ainsi proposé aux États-Unis une exemption totale et réciproque des droits de douane sur les produits industriels. À ce stade le président américain a rejeté cette proposition qu’il estime insuffisante pour lever les taxes douanières américaines.
En l’absence de négociation, la riposte européenne pourrait dans un premier temps concerner l’aluminium et l’acier et dans un second temps l’ensemble des produits et services américains.
En Europe, les pays les plus touchés devraient être l’Irlande, la Slovaquie, l’Allemagne, la Hongrie, l’Italie et l’Autriche, en raison de la proportion que représentent les exportations de ces pays vers les États-Unis. La France semble quant à elle moins exposée puisque seuls 6,2 % de ses exportations destinées aux États-Unis, ce qui représente malgré tout plus de 47 milliards d’euros.
Quelles conséquences pour l’économie ?
Suite aux dernières annonces de Donald Trump contre les partenaires commerciaux des États-Unis, les Bourses européennes ont dégringolé lundi 7 avril : – 4,78% pour le CAC 40 (Paris), – 4,64% pour le FTSE 100 (Londres), – 4,13% pour le DAX (Francfort). Le CAC 40 a ainsi perdu près de 12% depuis le 1er avril.
La Bourse de Hong-Kong a quant à elle dévissé de 13,12% sur la seule journée du 7 avril.
Et pour l’économie française ?
Parmi les secteurs les plus impactés en France, nous comptons :
- Le secteur aéronautique dont 1/5ème des exportations françaises sont à destination des Etats Unis, ce qui représente 9 milliards d’euros en 2024 ;
- Le secteur des vins et spiritueux dont les États-Unis sont le premier client étranger pour les viticulteurs français pour près de 4 milliards d’euros en 2024. Les acteurs du secteur chiffreraient la perte pour le vignoble français à un milliard d’euros. Le cognac pourrait lui être particulièrement impacté puisque les États-Unis représentent près de 40 % des exportations ;
- Le secteur agroalimentaire puisque la France est le deuxième exportateur de fromage aux États-Unis pour 350 millions d’euros.
- Le secteur du luxe : la France a exporté pour 4,5 milliards d’euros aux États-Unis en 2024.
Le secteur pharmaceutique, qui contribue grandement aux exportations françaises vers les États-Unis, est quant à lui exempté de cette surtaxe.
Quelles conséquences pour l’épargne des Français ?
La crise boursière provoquée par l’augmentation des droits de douane américains et ses répercussions pourrait impacter l’épargne de nombreux Français.
Si les placements dits « surs » tels que Livret A, LDD, etc. ne sont pas impactés, ce n’est pas le cas des Plan d’épargne en actions (PEA), Plan d’Épargne Entreprise (PEE), Plan Epargne Retraite (PER), assurance-vie et portefeuilles d’actions cotées. 15% de l’épargne des Français serait ainsi visé. Pour ces placements à long terme, il existe donc un risque de perte en capital.
En ce qui concerne les assurances-vie, il convient de distinguer les fonds en euros pour lequel le capital est garanti et les unités de comptes qui sont des produits liés à la bourse. Si les investissements en unité de compte sont généralement plus rémunérateurs, ils sont aussi plus risqués et les épargnants sont susceptibles de perdre tout ou partie du capital. Si la crainte est compréhensible, il ne faut toutefois pas paniquer. En effet, selon l’économiste Philippe Crevel, « En France, l’assurance-vie représente 2038 milliards d’euros. 72 % de cette somme est en fonds euros et seulement 28 % en unités de compte. Et dans ces unités de compte, tout n’est pas en action. » La hausse des droits de douane annoncée par Donald Trump a des conséquences profondes et immédiates sur l’économie française. Les consommateurs, les entreprises et les secteurs de l’importation et de l’exportation sont tous affectés par cette mesure protectionniste. Face à ces défis, la France et l’Union européenne doivent adopter une approche coordonnée pour défendre leurs intérêts économiques et minimiser les impacts négatifs sur leur économie. Les prochaines semaines seront cruciales pour déterminer les mesures de riposte et les stratégies à adopter pour naviguer dans ce contexte commercial incertain.