Le 30 juin 2008, Nicolas Sarkozy a confié à Jean Michel Darrois, avocat de profession, la mission de réfléchir à la création d’une grande profession du droit qui regrouperait sous la même enseigne les avocats et les notaires.
Ce désir de fusion de ces deux grandes professions du droit vient du constat selon lequel les avocats ont besoin de se tourner vers de nouveaux marchés. Les chiffres montrent depuis ces dernières années une baisse annuelle de 4% de leurs activités strictement judiciaire. Cette diminution s’explique surtout par le recours de plus en plus fréquent aux modes alternatifs de règlement des conflits, dont on peut finalement se réjouir car ainsi que le dit l’adage, « un mauvais arrangement vaut toujours mieux qu’un bon procès ».
D’après le Président du Conseil National des Barreaux, qui est favorable à cette fusion, le projet s’inscrit dans une logique européenne qui est celle de la disparition des monopoles et dont le grand gagnant serait le client.
L’engouement à l’idée d’une grande profession du droit n’est absolument pas le même du côté des notaires. En effet ces derniers ont directement affiché leur opposition en publiant un communiqué du Conseil Supérieur du Notariat suite à la création de cette commission. Ils accusent les avocats de vouloir « brouter dans le pré du voisin », pour résumer et pour rester dans la métaphore rurale ils s’alignent sur la maxime « chacun son métier, Les vaches seront bien gardées. ».
Pourtant les récoltes de cette union pourraient être abondantes pour les deux professions tant elles ont à partager et apprendre l’une de l’autre. On se rappelle la joie des notaires quant à l’idée, abandonnée depuis, de leur donner compétence en matière de divorce, on voit aujourd’hui celle des avocats à l’idée d’élargir leur champ de compétence à celui du monde notarial.
Tout en ayant des points communs avocats et notaires se distinguent fondamentalement dans l’exercice et la finalité de leur profession : le notaire fonctionne de manière impartiale avec des tarifs réglementés, l’avocat défend son client et définit ses honoraires.
Toutefois il convient de nuancer ce conflit juridique qui n’est pas vraiment une guerre de tranchée. En effet avocats et notaires s’accordent sur la nécessité d’une formation commune aux deux professions pour mieux se préparer aux enjeux économiques du 21ème siècle. Certains notaires se montrent même favorables à la possibilité de société commune au sein desquels notaires et avocats travailleraient main dans la main comme c’est déjà le cas dans certains pays d’Europe.