La descente en piqué d’EADS
Alors que l’on pensait qu’EADS allait enfin sortir de la crise en livrant le 15 octobre prochain le premier A 380, voici que ses dirigeants se voient accusés de « délits d’initiés massif » par l’autorité des marchés financiers (AMF).
C’est en 1967, avec la mise en place de la loi sur les entreprises qu’est né la notion juridique de délit d’initié en droit boursier et fut ainsi codifié dans le Code monétaire et Financier.
Le délit d’initié est un procédé déloyal qui fausse la confiance dans l’égalité des investisseurs sur le marché. L’initié agit ou permet à d’autres d’agir en l’absence totale d’aléas, et ainsi de réaliser des opérations fructueuses.
Dans l’affaire EADS les principaux suspects sont les dirigeants du groupe ainsi que ses principaux actionnaires, DaimlerChrysler et Lagardère. Ils sont soupçonnés d’avoir été informés des retards de livraison de l’A380, ce qui mettait les résultats du groupe en péril, et auraient ainsi vendus massivement leurs stocks options avant que le cour de l’action d’EADS ne s’effondre moins de 3mois après.
Affaire d’autant plus délicate lorsque l’on sait que l’Etat est également actionnaire d’EADS et qu’il aurait fait preuve d’un silence complice en donnant son feu vert à la vente des actions de Lagardère .
Le ministre de l’économie et des finances de l’époque, Thierry Breton, s’est exprimé hier soir, en direct de New York et a nié une quelconque participation de l’Etat en insistant sur le fait que l’Etat n’avait vendu aucune action.
La question qui se pose désormais est celle de savoir si l’entreprise va pâtir des soupçons qui pèsent sur ses dirigeants et actionnaires.
Dans les années 2004-2006, le concurrent direct d’EADS, le géant américain BOEING a réussi à surmonter les scandales financiers grâce aux qualités de leurs produits, l’attractivité de leurs prix et leur respect des délais de livraison.
Marie-Lorraine Voland