Nicolas Sarkozy, champion du monde de la communication a déniché chez un penseur de gauche, Edgar Morin, un concept passionnant et réunifiant : la politique de civilisation.
Selon Edgar Morin, la politique de civilisation est « une politique de portée historique (…) qui vise à corriger les effets négatifs de la civilisation, définie comme l’ensemble des techniques, savoirs, sciences…qui peuvent être transmis d’une communauté à une autre. »(Les Echos.fr, 11 janvier 2008). Pour résumer, il s’agit en réalité de faire face à la montée de l’individualisme en remettant l’homme au centre de la politique, en tant que fin et moyen, et à promouvoir le bien-vivre au lieu du bien-être. Ce serait donc l’invention d’un nouvel humanisme.
Alors, que penser de l’appropriation de cette pensée par notre Président. A-t-il réellement les moyens de la mettre en œuvre ? Car s’il a affirmé mardi 8 janvier 2008, lors de sa conférence de presse, qu’il s’agissait pour lui « d’un engagement fort », on ne voit pas trop comment il pourra concilier, sa volonté de redistribuer aux salariés une part du succès de leur entreprise, et les contraintes générées par la mondialisation auxquelles ces dernières sont sujettes.
Par cet exemple, on voit très bien l’opposition qui existe entre la mise en œuvre de la politique de civilisation par Nicolas Sarkozy et les entreprises. Edgar Morin, est d’ailleurs très nuancé quant à l’application de ce concept par le Président. Selon lui, il n’aurait pas « pris conscience du caractère radical de la politique de civilisation » (Libération, 9 janvier 2008).
Quoiqu’il en soit, cette notion permet enfin un véritable débat national autour de la politique et de son but : redéfinir une stratégie pour les civilisations à venir.
Mais, une dernière question se pose : chaque citoyen se sent-il réellement concerné par la politique de civilisation, projet très ambitieux qui reste plutôt abstrait, alors même qu’aucune solution concrète n’est apportée pour le pouvoir d’achat…?
Marion Batandier